La COP26 s’est réunie à Glasgow pour élaborer un accord international visant à limiter le réchauffement de la planète à 2°C. Depuis que l’objectif de 2°C a été fixé à Paris lors de la COP21, peu de progrès ont été réalisés.
Cet article explore la COP26, les objectifs de la conférence, les enjeux et les résultats. La COP26 a été la dernière conférence internationale sur le climat et l’occasion se présente de faire de réels progrès après la pandémie de COVID-19.
Qu’est-ce que la COP26 ?
La conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2021, également connue sous le nom de COP26, s’est déroulée à Glasgow du 31 octobre au 13 novembre. C’était une réunion des 197 pays qui font partie de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Les objectifs de la COP26 sont au nombre de quatre :
- Garantir l’élimination nette des émissions de gaz à effet de serre d’ici le milieu du siècle et maintenir le réchauffement à 1,5 °C à portée de main.
- S’adapter pour protéger les communautés et les habitats naturels.
- Mobiliser des fonds.
- Accélérer la coopération entre les gouvernements, les entreprises et la société civile.
Chaque pays participant à la COP26 est censé présenter des objectifs et des plans ambitieux de réduction des émissions d’ici 2030 afin d’atteindre le niveau zéro d’ici le milieu du siècle. Les pays devront présenter des stratégies visant à cesser d’utiliser les combustibles fossiles pour la production d’énergie, révolutionner les transports et mettre en place des politiques de protection de l’environnement naturel.
La protection de l’environnement naturel est importante car les écosystèmes fournissent non seulement des services tels que l’eau potable et la protection contre les tempêtes. Mais aussi la beauté et la diversité de la nature. Pour atteindre ces objectifs, la COP26 doit organiser et obtenir des ressources financières suffisantes pour investir dans des projets et financer la transformation de la société.
En investissant 100 milliards de dollars par an dans le financement climatique lors de la COP26, la transition vers le zéro net mondial peut commencer. Enfin, ces objectifs doivent être définis et acceptés par tous les pays pour garantir le progrès. La COP26 veut y parvenir en convenant d’un règlement qui sera accepté par tous les pays.
Quels ont été les résultats de la COP21 à Paris ?
Lors de la COP21 à Paris, l’Accord de Paris a été négocié. Il s’agit d’un accord signé par 195 pays qui se sont mis d’accord sur l’objectif de maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2 °C. L’accord exige de chaque pays qu’il produise un plan sur la manière dont il réduira ses émissions aux niveaux requis, mais ne précise pas les objectifs d’émissions.
L’Accord de Paris a été critiqué comme n’allant pas assez loin, bien qu’il fournisse une plateforme solide pour que les pays réussissent. Si les objectifs de Paris étaient maintenus en l’état le réchauffement serait supérieur à 3 degrés avant 2100.
Ils l’ont fait ! La COP21 à Paris a été considérée comme un succès et a ouvert la voie à de nouvelles améliorations de la politique en matière de changement climatique. Source : UNclimatechange
Les enjeux
Quel est l’état actuel du climat ?
Depuis 1750, les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont augmenté. Après 2015, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a dépassé les 400 ppm. Depuis 1970, chaque décennie a été plus chaude que la précédente et la température moyenne à la surface du globe est supérieure de plus d’1 °C à celle d’il y a 100 ans. C’est sans équivoque l’activité humaine qui a modifié le régime des précipitations, fait fondre la glace de mer au pôle Nord et acidifié l’océan. En outre, le niveau de la mer s’élève désormais de près d’un demi centimètre par an.
Ces changements climatiques ont perturbé les écosystèmes et déplacé les biosphères vers les pôles. La perturbation de ces écosystèmes entraîne une perte de biodiversité à un rythme jamais vu auparavant. La probabilité d’apparition de vagues de chaleur, d’inondations, de typhons et de sécheresses a augmenté. En raison de l’activité humaine et leur attribution aux activités humaines ne fait qu’augmenter au fil du temps. Sur le taux actuel de changement (RCP6), le climat se serait réchauffé de 3 °C de plus que les niveaux préindustriels.
Il s’agit d’un scénario intermédiaire dans lequel des phénomènes météorologiques extrêmes, la perte de terres agricoles à grande échelle, la disparition des sources d’eau douce et l’effondrement généralisé des écosystèmes entraîneraient une souffrance et une instabilité de grande ampleur. Selon la Banque mondiale, il est peu probable que la société puisse s’adapter à de tels changements et, comme ces augmentations sont incompatibles avec une communauté mondiale, il est fort probable que la civilisation humaine prenne fin.
Où allons-nous ?
Les scientifiques ont fait différentes prédictions basées sur différents scénarios dans lesquels les pays adoptent des politiques qui réduiraient, maintiendraient ou augmenteraient le niveau actuel des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, malgré cela, les températures à la surface du globe continueront d’augmenter jusqu’en 2050 au moins dans tous les scénarios d’émissions.
En Europe, les changements régionaux seront les suivants :
- Une hausse des températures plus importante en Europe que dans le reste du monde.
- Augmentation de la fréquence et de la gravité des vagues de chaleur.
- Réduction des périodes de froid et des jours de gel.
- La modification du régime des précipitations augmentera le risque d’inondation dans le nord et le risque de sécheresse dans le sud de l’Europe.
- Les inondations et l’érosion côtières augmenteront avec l’élévation du niveau de la mer.
- La couverture neigeuse et la superficie des glaciers vont s’effondrer.
Qu’aurions nous dû attendre de la COP26 ?
L’objectif déclaré de la COP26 est de « garantir le zéro net mondial et maintenir 1,5 °C à portée de main ». En l’état actuel des choses, les politiques adoptées à Paris ne sont pas suffisantes pour prévenir les conséquences du changement climatique. Car le réchauffement ne serait limité qu’à 3 °C. Cependant, des changements radicaux doivent être apportés pour maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C. Et si le réchauffement doit être maintenu à 1,5 °C, les émissions mondiales doivent être réduites de moitié au cours de la prochaine décennie et atteindre un niveau net nul d’ici 2050.
Le climat que nous connaîtrons à l’avenir dépend des décisions que nous prenons aujourd’hui
Lors de la COP26, les pays devraient actualiser leurs objectifs pour 2030 afin de limiter la hausse des températures à 1,5 °C. Parmi les moyens d’y parvenir, il a été suggéré d’accélérer la transition du charbon vers une production d’électricité propre, de protéger et de restaurer la nature dans l’intérêt des populations et du climat et enfin d’accélérer la transition vers des véhicules à zéro émission.
Comment la COP26 peut-elle aider ?
La COP26 devra coordonner non seulement les gouvernements nationaux mais aussi les acteurs non étatiques tels que les villes, les multinationales, les universités et la société civile. En coordonnant l’approche de tous ces acteurs vers un même objectif, des progrès pourront être réalisés. Une pression peut également être exercée sur les gouvernements pour qu’ils améliorent leurs plans nationaux de décarbonisation.
La COP26 examinera les plans climatiques nationaux et encouragera les pays à définir leurs propres objectifs et actions. Et une fois que tous les plans seront publiés, toutes les parties seront en mesure d’identifier les lacunes et de décider comment y répondre. Un aspect important de ces plans nationaux est le financement de projets climatiques dans les pays moins développés.
Les pays peuvent également s’assurer que l’Accord de Paris lui-même est adapté et suffisant pour atteindre les objectifs fixés. Si ce n’est pas le cas, l’accord devra être actualisé. Cela permettra de s’assurer que l’Accord de Paris peut permettre aux acteurs de se remettre sur la bonne voie pour répondre aux exigences climatiques.
Enfin, le gouvernement britannique, hôte de la conférence, a présenté les quatre objectifs qu’il souhaite voir atteindre par tous les autres participants à la conférence. Il s’agit de l’engagement de tous les pays à atteindre l’objectif « zéro émission » d’ici à 2050, de la protection des personnes vulnérables dans un monde qui se réchauffe, d’une collaboration accrue entre tous les secteurs de la société et, enfin, de la réalisation de la promesse de financement de 100 milliards de dollars pour le climat.
Txai Surui de l’Amazonie rappelle aux délégués de la COP26 les enjeux et leur responsabilité de mettre en œuvre un plan réaliste et immédiat pour éviter un changement climatique catastrophique. Source : UNclimatechange
Qui a parlé de biochar ?
Pour parvenir à des réductions significatives et importantes des émissions de gaz à effet de serre, tous les produits, services et comportements doivent être pris en compte. Le biochar peut aider à remplacer certains produits et à fournir de nouveaux services. Plus précisément, il peut remplacer les ingrédients fossiles dans la construction ou la fabrication et fournir de nouvelles solutions pour maintenir le rendement des cultures dans un monde en réchauffement. Ce faisant, le biochar séquestrera le carbone sous une forme stable qui contribuera à la réduction des émissions et aux objectifs de la COP26.
Les autres options
Cinq autres technologies de piégeage du carbone sont disponibles et doivent être envisagées en plus du biochar. Tout d’abord, il y a le boisement. Les arbres absorbent le CO2 de l’atmosphère pendant leur croissance. Il s’agit d’un moyen naturel de piégeage du carbone intéressante, mais très risquée, car cinquante ans de croissance forestière peuvent être rapidement perdus au cours d’un incendie. Et une fois que la forêt est mature, elle n’absorbe plus de grandes quantités de CO2.
Il est également possible d’utiliser le sol pour accumuler du carbone dans la matière organique du sol. Cette méthode repose sur un changement fondamental des pratiques agricoles, mais elle a la capacité de séquestrer de très grandes quantités de carbone. Il est également possible de recourir à la météorisation améliorée, où le carbone est minéralisé à partir de la réaction entre certaines roches concassées et l’atmosphère. Une analyse minutieuse du cycle de vie est nécessaire, mais il s’agit probablement d’une option efficace si elle est menée correctement. Si les émissions de CO2 issues de la combustion de la biomasse peuvent être séquestrées sous terre ou sous une forme inaccessible, cette option pourrait être utile pour produire de l’énergie et séquestrer le carbone.
DACCS
Mais l’emploi de tels systèmes serait fortement limités par la disponibilité de la biomasse et la géologie. Le captage direct dans l’air et la séquestration du carbone permettraient (DACCS) d’extraire le CO2 directement de l’air et de le stocker sous terre. C’est une technologie que la plupart des gens imaginent lorsqu’ils pensent au captage du CO2, mais le déploiement à grande échelle d’un processus aussi énergivore sera difficile.
Le biochar ne sera jamais à lui seul une panacée pour l’humanité en matière de stockage du carbone. Toutefois, il constitue un excellent exemple de produit neutre sur le plan climatique qui peut présenter de nombreux avantages lorsqu’il est utilisé dans les bonnes circonstances. En réalité, toutes ces technologies devront être déployées à grande échelle pour séquestrer le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Il est tentant d’attendre d’une seule technologie qu’elle résolve le problème monumental du changement climatique, mais cette attente est déplacée. À l’instar de l’approche multiforme des Etats nations face au changement climatique, la séquestration du carbone devra être complétée par toutes ces technologies.
Alors, que s’est-il réellement passé à la COP26 ?
La COP26 a duré une journée de plus que prévu, les ministres des 196 nations impliquées dans les négociations s’efforçant de se mettre d’accord sur un texte final. Certains des quatre objectifs fixés avant la conférence ont été atteints. Des progrès ont été réalisés en ce qui concerne le financement des pays en développement. L’augmentation de la fréquence des mises à jour des progrès réalisés par les pays et l’augmentation des engagements de réduction des émissions.
Une promesse de réduire les émissions de 45% d’ici 2030 a été faite dans le texte final. Toutefois, dans le même texte, il est reconnu que, dans le cadre des engagements et des politiques nationales de réduction des émissions existants, les émissions de dioxyde de carbone augmenteront en réalité de 14 % au cours de la même période.
Cette disparité montre l’ampleur des changements à opérer et l’absence de progrès réels de la part des nations individuelles dans la réduction de leurs émissions de dioxyde de carbone. Avec les politiques actuelles, le monde est en passe de connaître une augmentation de la température globale de 2,4 °C. Ce qui serait catastrophique pour la société. Pour atteindre l’objectif de 1,5 °C, les pays en développement et les pays à revenu intermédiaire devront fournir un effort beaucoup plus important.
Nous y sommes presque, mais l’intervention de dernière minute de plusieurs pays dépendant du charbon a dilué l’accord de la conférence, à la grande déception de beaucoup. Source : UNclimatechange
Controverse autour de charbon minéral
Une controverse a éclaté à la dernière minute. La Chine et l’Inde ont refusé de signer l’accord à moins que les conditions de celui-ci ne soient modifiées pour qu’elles puissent continuer à subventionner la construction de nouvelles centrales électriques au charbon minéral. Ce changement de dernière minute a été accueilli avec une grande déception par les pays les plus exposés au changement climatique.
Cependant, une évolution importante fût la reconnaissance des marchés du carbone comme un outil nécessaire pour stimuler la réduction du dioxyde de carbone et l’adoption de règles pour le fonctionnement de ces marchés. Cette évolution stimulera le développement de projets qui réduiront la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Ce qui est un aspect très important de l’atténuation du changement climatique.
Malgré l’absence d’accord sur l’utilisation du charbon minéral, le texte final produit lors de la COP26 poursuit la progression lente mais régulière de la question de l’atténuation du changement climatique dans la sphère politique. Il y a encore beaucoup de méfiance entre les nations en développement et le monde développé, mais certaines avancées ont été faites dans le financement du climat.
Article par Thomas Harcourt
Thomas est un biochimiste qui a cinq ans d’expérience dans l’industrie. Il a terminé son doctorat en biochimie végétale à l’Université de Sheffield en 2015.